Les Troubles de l’humeur
1°- Definition – Épidémiologie
2° – Manifestations cliniques. Symptime
– Deprestions enfant
Depression de l’adolescent
3 -Conséquences
4 – causes – Facteurs de risques
5°-Prise en charge
-traitement conseils
Prevention / Facteurs de portection
B-Anxiété et trouble anxiogène
C -Pression social
– Difficulté scolaire et des apprentissages
– choix et orientation socio profestionnelle
– vie relationnels -«affectue
_ les addiction-avec produits / Toxicomanes sans produit /réseau sociaux Internet
• Les troubles de l’humeur comprennent la dépression majeure, le trouble bipolaire (maniaque et déprimé) et la dysthymie.
• Environ 8 % des adultes souffriront d’une dépression majeure dans leur vie. Environ 1% des adultes souffriront d’un trouble bipolaire.
• Les troubles de l’humeur apparaissent généralement au cours de l’adolescence.
• À l’échelle mondiale, la dépression majeure est la principale cause
des années vécues avec invalidité et la quatrième cause des années
de vie sans invalidité.
• Les troubles de l’humeur ont un important impact économique associé aux coûts des soins de santé et à la perte de productivité.
• La plupart des personnes atteintes d’un trouble de l’humeur peuvent être traitées efficacement dans la collectivité. Malheureuse
ment, de nombreuses personnes tardent à demander un traitement.
• Les hospitalisations pour les troubles de l’humeur dans les hôpitaux généraux sont d’environ une fois et demie plus élevées chez les femmes que chez les hommes.
• La grande disparité parmi les groupes d’âge dans les taux d’hospitalisation pour dépression dans les hôpitaux généraux a diminué ces dernières années, grâce à une plus grande diminution
des taux d’hospitalisation chez les groupes plus âgés.
• Les taux d’hospitalisation pour trouble bipolaire dans les hôpitaux généraux augmentent chez les hommes et les femmes de 15 à 24 ans.
• Les personnes souffrant de troubles de l’humeur sont à risque élevé de suicide.
Rapport sur les maladies mentales au Canada
Les troubles de l’humeur comprennent la dépression seulement (qu’on appelle aussi «dépression unipolaire») ou des épisodes maniaques (comme le trouble bipolaire dont l’appellation classique est «psychose maniacodépressive»). Les personnes atteintes de troubles de l’humeur souffrent d’une profonde détresse ou de handicaps dans leurs activités sociales, professionnelles, éducatives ou d’autres aspects importants du fonctionnement.
Les personnes dépressives se sentent sans valeur, tristes et vides au point où ces sentiments entravent leur fonctionnement efficace. Elles peuvent également perdre tout intérêt pour leurs
activités habituelles, éprouver un changement de l’appétit, souffrir d’un sommeil perturbé ou avoir moins d’énergie.
Les personnes maniacodépressives sont exagérément énergiques et peuvent faire des choses excessives comme dépenser
inconsidérément et s’endetter, entrer en conflit avec la loi ou manquer de jugement dans leur comportement sexuel. Ces symptômes sont graves et durent plusieurs semaines, intervenant dans leurs relations, leur vie sociale, leurs études et leur travail. Certaines personnes peuvent
sembler fonctionner normalement, mais à mésure que la maladie progresse cela leur nécessite un effort de plus en plus accru.
Les épisodes dépressifs et maniaques peuvent modifier le raisonnement et le comportement de la personne ainsi que le fonctionnement de son corps. Le trouble dépressif majeur trouble dépressif majeur trouble dépressif majeur est caractérisé par un ou plusieurs épisodes dépressifs majeurs (au moins 2 semaines d’humeur déprimée ou de perte d’intérêt pour les activités habituelles, accompagnées d’au moins quatre autres symptômes de dépression)1.
Le trouble bipolaire rouble bipolaire rouble bipolaire est caractérisé par au moins un épisode maniaque ou mixte (manie et dépression) avec ou sans antécédents de dépression majeure2.
Le trouble dysthymique est essentiellement une humeur déprimée chroniquement qui se manifeste pour la plupart sur une période d’au moins 2 ans 1 sans périodes prolongées sans symptômes. Les périodes sans symptômes ne durent pas plus que 2 mois. Les adultes souffrant de ce trouble se plaignent de se sentir tristes ou déprimés, alors que les enfants peuvent se sentir irritables. La durée minimale requise des symptômes pour le diagnostic des enfants est de 1 an.
Collectivement, les troubles de l’humeur sont l’une des maladies mentales les plus répandues dans la population générale. Les études canadiennes sur l’incidence de la dépression majeure au cours de la vie ont constaté que 7,9 % à 8,6 % des adultes de plus de 18 ans et vivant dans la collectivité répondaient aux critères de diagnostic d’une dépression majeure à un moment donné de leur vie.
D’autres études ont indiqué qu’entre 3 % et 6 % des adultes seront atteints de dysthymie au cours de leur vie3, et qu’entre 0,6 % et 1 % des adultes vivront un épisode maniaque au cours de leur vie.
Sur une période de 12 mois, entre 4 % et 5 % de la population fera une dépression majeure.
Selon l’Enquête nationale sur la santé de la population (ENSP) de 1994-1995, 6 % de la population canadienne âgée de 12 ans et plus avait éprouvé des symptômes correspondant à la dépression au moment de l’enquête
Les troubles de l’humeur affectent des gens de tout âge, mais apparaissent habituellement à l’adolescence ou dans la jeune vie adulte. Le diagnostic étant souvent retardé, l’âge moyen des personnes atteintes s’étend du début de la vingtaine au début de la trentaine1.
Des études ont documenté régulièrement des taux de dépression plus élevés chez les femmes que chez les hommes; Les moyennes du ratio femmes:hommes sont de 2 pour 1 2:13. Les femmes sont de 2 à 3 fois plus susceptibles que les hommes de manifester une dysthymie. Les différences entre les sexes quant aux symptômes associés à la dépression peuvent contribuer aux différences d’apparition de la dépression chez les hommes et les femmes. Par exemple, les hommes sont plus susceptibles d’être irritables, coléreux et découragés que déprimés, alors que les femmes manifestent les symptômes plus «classiques» de sentiments d’inutilité et d’impuissance ainsi que des humeurs tristes persistantes. En conséquence, la dépression peut ne pas être reconnue aussi facilement chez un homme. De plus, les femmes sont plus susceptibles que les hommes de demander l’aide des professionnels de la santé. Les facteurs de risque ou de protection biologiques ou sociaux peuvent également différer entre les hommes et les femmes.
Pour le trouble bipolaire, il est généralement reconnu que le ratio entre les hommes et les femmes est à peu près le même6. Idéalement, les données d’une étude démographique devraient fournir de l’information sur la répartition selon l’âge et le sexe des personnes souffrant de troubles de l’humeur. L’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes (ESCC) fournira ces données pour 2002. Bien que la plupart des personnes souffrant de troubles de l’humeur soient traitées dans la collectivité, l’hospitalisation est parfois nécessaire. Actuellement, les données sur les hospitalisations offrent la meilleure description disponible, quoi que limitée, des personnes souffrant de troubles de l’humeur. Les résultats doivent toutefois être examinés avec prudence, puisqu’il s’agit seulement d’un sous-ensemble des personnes souffrant de troubles de l’humeur. La plupart de ces personnes sont traitées dans la collectivité plutôt qu’à l’hôpital, et plusieurs ne reçoivent aucun traitement.
En 1999, plus de femmes que d’hommes ont été hospitalisées pour trouble dépressif majeur dans chaque groupe d’âge sauf les 90 ans et plus (figure 2-1). Les jeunes femmes de 15 à 19 ans présentaient des taux d’hospitalisation beaucoup plus élevés que les groupes d’âge immédiatement adjacents.
Les femmes de 40 à 44 ans et les hommes de 85 à 89 ans présentaient les taux d’hospitalisation les plus élevés pour leur sexe, respectivement.
En 1999, pour tous les groupes sauf celui de 5 à 9 ans, les femmes étaient hospitalisées pour trouble bipolaire à des taux considérablement plus élevés que les hommes (figure 2-2). Cela fait contraste avec le taux de prévalence généralement accepté pour les hommes et les femmes. Une recherche plus poussée est nécessaire pour expliquer cette répartition. Les femmes ont été hospitalisées le plus souvent pour trouble bipolaire entre les âges de 40 et 44 ans.
À cause de leur distribution élevée, du coût, du risque de suicide et de la perte de la qualité de vie, les troubles de l’humeur s’avèrent une sérieuse préoccupation pour la santé publique au Canada. La dépression et la manie causent une détresse importante et entravent le fonction nement social, professionnel, scolaire et se font sentir dans d’autres domaines. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la dépression majeure est la quatrième cause d’invalidité principale de l’espérance de vie sans invalidité dans le monde. La dépression majeure est la principale cause des années vécues avec une invalidité et le trouble bipolaire est la sixième cause.
Le trouble dépressif majeur trouble dépressif majeur trouble dépressif majeur est une maladie récurrente présentant de fréquentes rechutes et récurrences. Plus les symptômes sont graves et de longue durée lors de l’épisode initial, comme ce qui dans certains cas est dû au retard d’un traitement efficace, moins le recouvrement est susceptible d’être complet. Le trouble dépressif majeur unipolaire est la quatrième cause d’invalidité et de décès prématuré dans le monde. La dépression a également une incidence majeure sur la santé mentale des membres de la famille et des soignants, souvent avec une présence accrue de symptômes de dépression et d’anxiété. La dysthymie, à cause de sa longue durée, peut être très débilitante. Malgré un taux de recouvrement élevé suite aux épisodes, le risque de rechute est élevé. Les personnes atteintes de ce trouble sont également à risque élevé de vivre un épisode de dépression majeure
Les personnes ayant vécues un épisode de trouble bipolaire trouble bipolaire tendent à en vivre d’autres plus tard. Les taux de recouvrement varient selon les personnes. Celles qui présentent des épisodes purement maniaques recouvrent mieux que celles qui présentent des épisodes de manie et de dépression de plus longue durée lesquels rendent la maladie plus chronique. Le taux de mortalité chez les personnes atteintes d’un trouble bipolaire est de deux à trois fois plus élevé que dans la population générale, et conduisent à des taux de suicide plus élevés. Le mauvais traitement des enfants et du conjoint ou d’autres comportements violents peuvent survenir au cours des épisodes maniaques graves. De plus, les personnes souffrant d’un trouble bipolaire manifestent souvent une perte d’intuition, entraînant une résistance au traitement. D’autres problèmes associés comprennent les échecs professionnels et scolaires, les difficultés financières, la toxicomanie, les activités illégales et le divorce. Les personnes souffrant d’un trouble bipolaire peuvent souvent avoir de la difficulté à conserver un emploi régulier et peuvent en conséquence souffrir d’un désavantage social et économique.
Les troubles de l’humeur accompagnent souvent d’autres maladies mentales comme les troubles d’anxiété, les troubles de la personnalité ainsi que la toxicomanie et les dépendances. La présence d’une autre maladie mentale augmente la gravité de la maladie initiale et entraîne un moins bon pronostic. Les personnes souffrant de troubles
de l’humeur sont à risque élevé de suicide.
À cause de leur étendue, les troubles de l’humeur ont un impact majeur sur l’économie canadienne.
Leur portée se fait sentir de deux façons:
d’abord, à cause de la perte de productivité associée à l’absentéisme et au manque d’efficacité au travail et ensuite, du fait des coûts élevés attribuables aux soins primaires, aux hospitalisations et aux médicaments.
Au niveau de l’individu et de la famille, la perte de revenus et le coût des médicaments peuvent gêner les ressources financières de la famille
La stigmatisation des personnes souffrant de troubles de l’humeur influe non seulement sur leur décision de chercher à obtenir un traitement, mais sur leur assiduité à prendre les médicaments qui leur sont prescrits et sur leur participation au de fonctionner au niveau des autres employés. Lorsque la maladie n’est pas traitée ce souci peut bien être réel. Toutefois, en suivant un traitement visant à réduire ou à prendre en charge les symptômes, le rendement au travail s’améliore habituellement. Des connaissances accrues ainsi qu’une bonne volonté de la part des employeurs à répondre aux besoins de leurs employés ne pourront que baisser le niveau de stigmatisation lié aux maladies mentales en milieu de travail.
L’application de la législation sur les droits de la personne ne peut que renforcer les efforts volontaires counselling. Ce comportement est plus élevé chez les hommes que chez les femmes. La stigmatisation influe également sur le succès de la réintégration de la personne dans la famille et la collectivité. Les employeurs peuvent douter si une personne souffrant d’un trouble de l’humeur soit capable
Les troubles de l’humeur n’ont pas une seule cause car plusieurs facteurs, dont un déséquilibre biochimique au cerveau, des facteurs psy chologiques et des facteurs socio-économiques, tendent à rendre certaines personnes plus vulnérables à ces troubles.
Des études ont permis d’établir que les personnes souffrant de dépression et d’un trouble bipolaire trouvent souvent des antécédents de ces troubles parmi les membres de leur famille immédiate. Selon les preuves, plusieurs gènes différents peuvent agir ensemble et en combinaison avec d’autres facteurs pour déclencher un trouble de l’humeur. Bien que certaines études aient ciblé quelques gènes ou régions génomiques intéressants, les facteurs génétiques exacts des troubles de l’humeur demeurent inconnus.
Un épisode de dépression majeure est un fort prédicteur de futurs épisodes. Plus de 50% des personnes qui ont un épisode de dépression majeure rechutent
Le stress a traditionnellement été considéré comme un important facteur de risque de dépression. Toutefois, les recherches récentes indiquent que le stress peut seulement prédisposer une personne à un épisode initial et non à des épisodes récurrents. Les réactions au stress diffèrent grandement entre les personnes : certaines sont plus susceptibles que d’autres de faire une dépression suite à certains événements de la vie, lorsqu’elles vivent des relations difficiles ou à cause de facteurs socio -économiques comme un revenu inadéquat, un logement inapproprié, le préjudice et le stress en milieu de travail.
L’association entre diverses affections médicales chroniques et une incidence élevée de dépression majeure est forte15,16. Plusieurs affections, telles l’infarctus et la maladie cardiaque, la maladie de Parkinson, l’épilepsie, l’arthrite, le cancer, le sida et la maladie respiratoire obstructive, peuvent contribuer à la dépression. Plusieurs facteurs associés aux maladies mentales peuvent déclencher ou aggraver une dépression. Il s’agit notamment des répercussions psychologiques de l’invalidité, de diminutions de qualité de vie, de la perte de rapports ou d’attributions sociales évalués. Les effets secondaires des médicaments peuvent également y contribuer. Enfin, il est possible que la présence même d’une maladie physique puisse contribuer directement à l’apparition de la dépression par son action sur des mécanismes physiologiques tels les neurotransmetteurs, les hormones et le système immunitaire. Pour des raisons semblables, des épisodes de manie peuvent se déclarer suite à une maladie physique ou la prise de médica ments. Des facteurs indirects influent également sur la relation entre les affections physiques et la dépression. Parmi ces facteurs, mentionnons l’invalidité et la qualité de vie des personnes souffrant d’une maladie chronique et la tendance de certains médicaments utilisés pour traiter les maladies physiques à causer la dépression. Traiter efficacement une maladie physique chronique nécessite une vigilance pour la détection précoce et le traitement de la dépression.
Les troubles anxieux, anciennement appelés névroses, constituent l’un des problèmes de santé mentale les plus courants, touchant jusqu’à 20 % de la population générale. Les troubles anxieux débutent le plus souvent à l’adolescence ou chez l’adulte jeune avec une prédominance féminine. La triade clinique de l’anxiété regroupe des symptômes psychiques, somatiques et comportementaux.
Les troubles anxieux entraînent des problèmes de fonctionnement sur les plans social, familial, scolaire et professionnel. Les troubles anxieux augmentent le risque d’autres troubles psychiatriques, notamment la dépression, l’abus de drogues et d’alcool et l’incidence du suicide.
Le trépied thérapeutique repose sur les antidépresseurs, la psychothérapie et les mesures psychosociales.
Les troubles anxieux constituent un ensemble hétérogène de pathologies dont l’anxiété occupe une place centrale. L’anxiété est un état émotionnel anticipant un événement menaçant et caractérisé par des sentiments pénibles de peur, d’alerte, d’hypervigilance, d’appréhension et de crainte d’un danger imminent, associés à des manifestations neurovégétatives.
L’anxiété est dite normale quand elle est une réponse adaptée à une situation réellement menaçante, donc contrôlable et tolérable.
L’anxiété pathologique est en revanche une réponse inadaptée à cause de son intensité, de sa durée, de sa fréquence, de la souffrance et le dysfonctionnement qu’elle entraine.
Le principal critère pour différencier l’anxiété normale de l’anxiété pathologique reste le retentissement de celle-ci sur les capacités d’adaptation du sujet.
Dans la nosographie actuelle (DSM 5) on trouve 6 troubles anxieux :
1-1- Définition
Le trouble panique est caractérisé par la survenue récurrente d’attaque de panique (aux moins 2) ou crises d’angoisses répétitives, durant les 4 dernières semaines.
1-2- Attaque de panique
L’attaque de panique est un état d’anxiété extrêmement intense et de durée brève. La survenue est paroxystique, de façon brutale, de manière inopinée ou rapidement progressive. Le plus souvent la crise est spontanée et sans cause déclenchante. La crise peut survenir au cours du sommeil réveillant le patient. L’épisode dure de quelques minutes à plusieurs heures (en moyenne 20 à 30 minutes). Les symptômes atteignent une intensité maximale en moins de 10 minutes. La résolution est progressive laissant le patient épuisé avec une profonde asthénie.
La triade symptomatique : Sémiologie psychique, physique et comportementale.
L’attaque de panique regroupe au moins 4 signes de la triade suscitée.
– Sémiologie psychique : il s’agit soit d’une sensation de mort imminente, soit du sentiment
de devenir fou. Les patients décrivent alors une impression d’irréalité de l’ambiance et de dépersonnalisation leur faisant parfois craindre de commettre des actes incontrôlés.
L’ensemble de ces phénomènes créent une angoisse intense, un état de panique. – Sémiologie physique : elle domine souvent le tableau, conduisant le patient aux urgences médicales ou chez le cardiologue. Les principales manifestations somatiques de l’anxiété aiguë sont les suivantes :
*cardiaques : palpitations et tachycardie, gêne ou même douleur rétrosternale
*respiratoires : sensation d’étouffement, de dyspnée
*neurologiques : vertiges, paresthésies, céphalées
*neurovégétatives : hypersudation, bouffées de chaleur, frissons, tremblements
*plus rarement on peut observer des symptômes digestifs (nausées, douleurs abdominales,
diarrhées), des symptômes urinaires (pollakiurie, mictions impérieuses). – Sémiologie comportementale : des troubles du comportement paroxystiques plus ou moins graves peuvent être observés : sidération, fuite, attaques de colère, accès de violence hétéro ou
auto-agressive pouvant aller jusqu’à des comportements suicidaires impulsifs (précipitation d’une fenêtre, sous une voiture…), prise de grandes quantités d’alcool ou de psychotropes.
Ces troubles ont pour caractéristiques d’être paroxystiques, répétitifs. En dehors des accès, les patients sont capables de les critiquer. Ils les décrivent en termes de «besoin incoercible ».
Ces troubles du comportement représentent du fait de leur dangerosité éventuelle, la principale complication des crises d’angoisse aiguës. Le risque majeur est le raptus anxieux.
1-3- Diagnostic positif d’un trouble panique
Les critères du DSM 5 d’un trouble panique :
A. Attaques de panique récurrentes et inattendues (au moins 2 crises).
B. Au moins une des attaques s’est accompagnée pendant un mois « ou plus » de l’un « ou
plus » des symptômes suivants :
(a) Crainte persistante d’avoir d’autres attaques de panique « peur d’avoir peur ».
(b) Préoccupations à propos des implications possibles de l’attaque ou bien de ses conséquences.
(c) Changement de comportement important en relation avec les attaques.
C. Les attaques de panique ne sont pas dues aux effets physiologiques directs d’une substance
ou d’une affection médicale générale.
D. Les attaques de panique ne sont pas mieux expliquées par un autre trouble mental.
NB : Le trouble panique se complique fréquemment d’agoraphobie.
2-1- Définition
Le trouble anxiété généralisée appelé « maladie des inquiétudes », est définit comme une anxiété de fond et des soucis excessifs, incontrôlables, chroniques (au moins 6 mois), relatifs à des situations réalistes banales, à l’origine d’un état de souffrance qui altère le fonctionnement du patient dans sa vie courante, associés à des symptômes physiques traduisant la tension motrice et l’hypervigilance.
2-2- Etude clinique
a- Symptomatologie psychique
* Soucis excessifs persistants, chroniques et non justifiés.
* Inquiétudes envahissantes, diffuses et incontrôlables.
* Intolérance à l’incertitude.
* Sentiment d’insécurité ou d’attente.
b- Symptomatologie somatique
– Tension motrice : fatigabilité, céphalées et tremblements….
– Hyperactivité neurovégétative : transpiration, palpitation, bouffées de chaleurs…
– Autres plaintes somatiques : épigastralgies, spasmes musculaires, dyspnée.
c- Symptomatologie comportementale
– Etat d’hypervigilance.
– Irritabilité, nervosité.
– Insomnie.
– Agitation.
2-3- Diagnostic positif
Critères diagnostiques du DSM 5 d’un trouble anxiété généralisée :
A. Anxiété et soucis excessifs « attente avec appréhension » survenant la plupart du temps durant au moins 6 mois concernant au moins deux thèmes différents «famille, travail, santé ou autres domaines».
B. La personne éprouve de la difficulté à contrôler cette préoccupation.
C. L’anxiété et les soucis sont associés à trois « ou plus » des six symptômes suivants :
1) Agitation ou sensation d’être survolé ou à bout.
2) Fatigabilité.
3) Difficultés de concentration ou trous de la mémoire.
4) Irritabilité.
5) Tension musculaire.
6) Perturbation du sommeil
D. L’objet de l’anxiété et des soucis n’est pas limité aux manifestations d’une autre
pathologie mentale.
Les complications sont fréquentes : surconsommation médicamenteuse, addictions à l’alcool, et/ou aux benzodiazépines (automédication de l’anxiété), décompensations dépressives, développement d’un autre trouble anxieux, dysfonctionnement familial, social et professionnel, maladies psychosomatiques : HTA, ulcère gastroduodénal.
1-1- Définition
L’agoraphobie est un trouble anxieux type phobique caractérisé par la peur des espaces ou il pourrait être difficile de s’échapper ou dans lesquelles il pourrait être difficile d’obtenir du secours en cas de problème. Cette peur est à l’origine du déclenchement d’attaques de
panique lorsque le sujet se trouve confronté à la situation redoutée.
1-2- Etude clinique
La caractéristique essentielle de l’agoraphobie est une anxiété liée au fait de se trouver dans des endroits ou des situations où il pourrait être difficile (ou gênant) de s’échapper ou dans lesquelles aucun secours ne pourrait être trouvé en cas de survenue d’une attaque de panique ou des symptômes de type panique (p. ex., peur d’avoir une attaque subite de vertige ou une crise de diarrhée soudaine).
L’anxiété conduit typiquement à un évitement envahissant de nombreuses situations pouvant inclure le fait d’être seul hors de son domicile ou d’être seul chez soi; d’être dans une foule; de voyager en voiture, de prendre les transports en commun, de faire ses courses dans les grandes surfaces, Certains sujets sont capables de s’exposer eux-mêmes aux situations redoutées mais ils subissent ces expériences avec une crainte considérable. L’évitement de situations peut altérer les capacités des sujets à voyager, à travailler ou à assumer leurs responsabilités domestiques (p. ex., faire des courses dans une épicerie, amener les enfants chez le médecin) avec la peur de quitter une » zone de sécurité « . Les conduites contraphobiques (de réassurance) sont fréquentes : consistera à être accompagné d’une personne de confiance susceptible de protéger la personne en cas de confrontation avec l’objet phobogène.
1-3- Diagnostic positif
Critères diagnostiques du DSM 5 d’une agoraphobie :
A. Anxiété liée au fait de se retrouver dans des endroits ou des situations d’où il pourrait être difficile « ou gênant » de s’échapper ou dans lesquelles on pourrait ne pas trouver de secours en cas d’attaque de panique soit inattendue soit facilitée par des situations spécifiques ou bien en cas de symptômes à type de panique.
B. Les situations sont soit évitées, soit subits avec une souffrance intense ou bien avec la crainte d’avoir une attaque de panique ou des symptômes à type de panique ou bien nécessitent la présence d’un accompagnant.
C. L’anxiété ou l’évitement phobique n’est pas mieux expliqué par un autre trouble mental.
2-1- Définition
La caractéristique essentielle de la phobie spécifique est une peur marquée et persistante d’objets ou de situations objectivement visibles et circonscrits. L’exposition au stimulus phobogène provoque presque invariablement une réponse anxieuse immédiate. Cette réponse peut prendre la forme d’une attaque de panique situationnellement liée ou facilitée par les situations.
Le plus souvent, le stimulus phobogène est évité bien que parfois le sujet ait à l’endurer avec une grande souffrance.
2-2- Etude clinique
Les formes cliniques des phobies spécifiques :
Type animal « zoophobie » : ce sous-type doit être spécifié si la peur est induite par les animaux ou les insectes: (araignées, souris…).
Type environnement naturel: ce sous-type doit être spécifié si la peur est induite par des éléments de l’environnement naturel tels les orages, les hauteurs « acrophobie » ou l’eau.
Type sang — injection — accident: ce sous-type doit être spécifié si la peur est induite par le fait de voir du sang ou un accident ou d’avoir une injection ou toute autre procédure médicale invasive.
Type situationnel: ce sous-type doit être spécifié si la peur est induite par une situation spécifique tels les espaces clos « claustrophobie », les tunnels, les ponts, les voyages aériens,…
2-3- Diagnostic positif
Critères diagnostiques du DSM 5 d’une phobie spécifique :
A. Peur persistante et intense à caractère irraisonné ou bien excessive, déclenchée par la présence ou l’anticipation de la confrontation à un objet ou une situation spécifique.
B. L’exposition au stimulus phobogène provoque de façon quasi-systématique une réaction anxieuse immédiate qui peut prendre la forme d’une attaque de panique.
C. Le sujet reconnaît le caractère excessif ou irrationnel de la peur.
D. La situation phobogène est évitée ou vécue avec une anxiété ou détresse intense.
E. L’évitement, l’anticipation anxieuse ou la souffrance de la situation redoutée perturbent, de façon importante les habitudes de l’individu, ses activités professionnelles ou bien ses activités sociales ou ses relations avec autrui, ou bien le fait d’avoir cette phobie
s’accompagne d’un sentiment de souffrance important.
F. Chez les individus de moins de 18 ans, la durée est d’au moins de 06 mois.
G. L’anxiété, les attaques de panique ou l’évitement phobique associé à l’objet ou à la situation spécifique ne sont pas mieux expliqués par un autre trouble mental.
3- trouble anxiété sociale (phobie sociale)
3-1- Définition
Les phobies sociales correspondent à l’anticipation anxieuse et à l’évitement de certaines situations sociales dans les quelles le sujet pourrait être observé par autrui ou se conduire de manière humiliante ou embarrassante. L’exposition à la situation sociale ou de performance provoque presque invariablement une réponse anxieuse immédiate.
3-2- Etude clinique
Les situations sociales sources d’anxiété : situations de performance, d’observation, d’affirmation ou d’interaction.
Troubles cognitifs : sentiments de crainte et de honte.
Troubles de comportement : évitements, conduite de réassurance, objet contraphobique.
Il y a deux formes cliniques : limitée (à une situation sociale) et généralisée.
3-3- Diagnostic positif
Critères diagnostiques du DSM 5 d’une phobie sociale :
A. Une peur persistante et intense d’une ou plusieurs situations sociales ou bien de situations de performance durant lesquelles le sujet est en contact avec des gens non familiers ou bien peut être exposé à l’éventuelle observation attentive d’autrui.
B. L’exposition à la situation sociale redoutée provoque de façon quasi-systématique une anxiété qui peut prendre la forme d’une attaque de panique.
C. Le sujet reconnaît le caractère excessif ou irraisonnée de la peur.
D. Les situations sociales ou de performance sont évitées ou vécues avec une anxiété et une détresse intense.
E. L’évitement, l’anticipation anxieuse ou la souffrance dans la situation redoutée sociale ou de performance perturbent, de façon importante, les habitudes de l’individu, ses activités professionnelles, ou bien ses activités sociales ou ses relations avec autrui, ou bien le fait d’avoir cette phobie s’accompagne d’un sentiment de souffrance important.
F. Chez les individus de moins de 18 ans, la durée est d’au moins 06 mois.
G. La peur ou le comportement d’évitement n’est pas lié aux effets physiologiques directs d’une substance, ni à une affection médicale générale et n’est pas mieux expliqué par un autre trouble mental.
N.B. La timidité n’est pas une phobie sociale car l’anxiété est minime, l’évitement n’est pas
constant, il n’y a pas d’altération du fonctionnement ni de souffrance psychologique.
Objectifs :
Savoir connaître les différents modes d’expression des troubles anxieux et des troubles de l’adaptation chez l’enfant et chez l’adolescent.
Savoir évaluer les risques évolutifs chez un enfant ou un adolescent présentant des troubles anxieux ou des troubles de l’adaptation.
Savoir expliquer à l’enfant et à la famille la place de l’anxiété normale dans le développement.
Connaître les bases du traitement des troubles anxieux et des troubles de l’adaptation chez l’enfant et l’adolescent.
Au cours de la structuration de la personnalité de l’enfant et de la construction de son identité, on peut constater des manifestations gênantes, douloureuses, étonnantes pour l’enfant et/ou son entourage.
Lorsque ces manifestations sont labiles, changeantes, elles peuvent être le signe d’une souffrance psychique transitoire qui s’inscrit de façon tout à fait physiologique dans le développement. Persistantes ou plus intenses elles peuvent aussi signer une organisation défectueuse de la personnalité qui est en train de se développer de façon non harmonieuse.
Ces manifestations sont retrouvées sous des termes différents dans les diverses classifications psychiatriques :
– Troubles anxieux de l’enfance ou de l’adolescence dans le DSM 4, classification américaine qui se veut athéorique.
– Troubles émotionnels débutant dans l’enfance dans la CIM 10 (Classification Internationale des Maladies, version 10, officielle en France pour le chapitre V correspondant aux troubles mentaux).
– Troubles névrotiques dans la classification française des troubles mentaux (CFTMEA2000).
Epidémiologie
Les troubles anxieux regroupent un ensemble de catégories dont la prévalence globale, en population générale, est l’une des plus élevées chez l’enfant (comprise entre 8 et 22 % selon les auteurs et les catégories diagnostiques, tous troubles confondus). La répartition des différents troubles anxieux varie en fonction de l’âge et du sexe. L’âge moyen de début des troubles est compris entre 7 et 12 ans et les études rétrospectives chez l’adulte rapportent qu’au moins 80 % des sujets présentant des troubles anxieux avaient développé des symptômes anxieux avant l’âge de 18 ans.
L’ensemble des études plaide en faveur d’une plus forte prévalence dans le sexe féminin quel que soit l’âge (sex-ratio M/F compris entre 0.7 et 0.4)
Références psychopathologiques
La valeur psychopathologique de ces troubles varie selon les théories auxquelles on se réfère.
Les récentes connaissances sur le développement du nourrisson insistent sur l’importance des interactions entre l’enfant et son environnement, dans l’organisation de sa personnalité, à partir de données propres à chaque individu.
La psychanalyse n’a étudié directement les enfants que secondairement. C’est par reconstruction à partir d’analyse d’adultes essentiellement que Freud a décrit la névrose infantile « normale » (conflits liés au complexe d’oedipe et à l’angoisse de castration existant chez tout enfant au cours de son développement). La psychanalyse considère les symptômes ou les manifestations névrotiques comme l’expression de l’angoisse ou des processus mis en oeuvre pour aménager les conflits intra-psychiques inconscients et lutter contre l’angoisse. En revanche, la névrose « clinique » correspond à une souffrance psychique qui nécessite des soins spécialisés.
Les cognitivistes considèrent le symptôme névrotique comme un comportement appris, une erreur dans les processus d’apprentissage. En supprimant le symptôme on supprimerait la névrose.
Les théories familiales systémiques prennent en compte les interactions familiales, le rôle de chaque membre de la famille, l’articulation des symptômes de l’enfant avec l’équilibre familial. La disparition du symptôme névrotique s’opérerait par la transformation du système familial en un nouveau système qui n’a plus besoin de la maladie du sujet désigné comme malade.
LES MANIFESTATIONS DES TROUBLES ANXIEUX
I – SYMPTÔMES D’ANGOISSE
ANGOISSE : Vécu pénible impliquant une insécurité, une menace liée
– à un danger indéterminé (« peur sans objet »)
– à des événements impliquant un danger potentiel physique ou psychologique (séparation, intervention chirurgicale, examen), mais disproportionnée ou inadéquate aux yeux d’un observateur extérieur.
L’angoisse est une composante normale du développement. Elle avertit d’un danger, s’inscrit dans une progression, manifeste des limites (que l’on peut dépasser) et des émotions (partir de la maison, montrer ses capacités peut être à la fois tentant et inquiétant). L’angoisse de séparation fait partie du processus maturatif de l’enfant.
Modes d’expression : L’angoisse est rarement verbalisée directement en tant que telle. Elle doit être recherchée derrière :
– des manifestations somatiques : céphalées, douleurs abdominales, vomissements, plaintes répétées de localisation changeante, fatigue ;
– des craintes sur la santé, la mort (celle de l’enfant ou de membres de l’entourage) ;
– des troubles du coucher et du sommeil.
opposition au coucher (normale vers 2/3 ans)
éveils anxieux
rêves d’angoisse
terreurs nocturnes
insomnies
– des troubles du comportement :
colère
instabilité
opposition
agitation ou inhibition
L’angoisse de séparation est le trouble anxieux le plus fréquent chez l’enfant pré pubère. La prévalence varie entre 3,5 et 5,4 % et le sex-ratio entre 0,4 et 1 garçon pour une fille. Les pics de fréquence sont observés à l’âge de 6 ans et à l’âge de 11 ans (correspondant respectivement à l’entrée à l’école primaire et au collège). Le mode d’entrée est le plus souvent brutal sans signe prémorbide mais il existe aussi des formes progressives. Le rôle des facteurs déclenchants est discuté. Cette forme clinique comporte trois séries de signes :
– La détresse lors de la séparation : elle se manifeste lors de la survenue ou de l’anticipation de la séparation. Il peut exister un véritable état de panique avec signes somatiques (douleurs abdominales, céphalées, nausées, palpitations, impression d’évanouissement ou de mort). On peut également trouver des manifestations agressives (pleurs, colères, provocations) en particulier à l’adolescence. La préoccupation majeure et continue de l’enfant est son accessibilité à la mère. L’enfant ressent une crainte permanente des éloignements (rester seul, dormir seul, rester à l’école, séjourner hors de la famille, faire face à une orientation professionnelle à l’âge adolescent).
– Les ruminations et les préoccupations morbides : elles sont constantes. L’enfant présente des pensées obsédantes concernant l’intégrité de la famille (peur de la maladie ou du décès d’un parent) mais aussi sa propre intégrité (peur de kidnapping, séquestration, maladie ou hospitalisation). Des cauchemars à thème de séparation et des préoccupations sur la mort sont fréquemment retrouvés chez les 5-8 ans.
– La nostalgie du chez soi : elle correspond chez l’adolescent à un sentiment du manque de la maison ou des membres de la famille. Ces enfants ont un désir intense de réunions familiales.
L’angoisse de séparation est rarement isolée et au contraire souvent associée à d’autres manifestations. La principale comorbidité concerne :
. Les troubles du comportement (irritabilité, colère, violence, tyrannie) ;
. La dépression (dans 30 % des cas selon certaines études) ;
. Les autres troubles anxieux (en particulier les phobies simples, les troubles paniques, l’hyper anxiété) ;
. La consommation de toxiques (tranquillisants, alcool, haschich) à l’âge adolescent.
Trouble panique : Il correspond à la récurrence chez un même sujet d’attaques de panique successives. Les attaques de panique sont des crises d’anxiété paroxystiques de survenue brutale et d’évolution brève. Il associe :
. des manifestations subjectives : peur de mourir, de devenir fou, de perdre le contrôle de soi-même
. des malaises physiques : palpitations, tremblements, sueurs, dyspnée, vertige, paresthésies, douleur, nausées
. des symptômes psychosensoriels, trouble des perceptions sensorielles, dépersonnalisation, déréalisation
. des manifestations comportementales : appel à l’aide, recherche de sécurité, évitement.
. Trouble panique et agoraphobie sont très souvent associés.
Ce n’est pas l’angoisse qui est pathologique mais la difficulté à la maîtriser. C’est donc la permanence, l’intensité des troubles, le fait que l’angoisse devienne envahissante, ou l’entrave que les troubles apportent au développement harmonieux de l’enfant qui doivent attirer l’attention sur le caractère pathologique de ces manifestations.
II – SYMPTOMES DE TYPE PHOBIQUE PHOBIES :
Peurs irrationnelles d’un objet, d’une situation « objectivement » dépourvus de danger. Elles s’accompagnent de conduites d’évitement et de réassurance avec utilisation d’un objet ou d’une personne contra-phobique (ex : un enfant qui a une phobie des ascenseurs pourra le prendre accompagné ou en emportant une petite voiture dans sa poche).
Les phobies peuvent être des éléments normaux au cours du développement.+++++
On rencontre ainsi la peur :
– de l’étranger vers 8 mois,
– du noir vers 2 ans,
– des gros animaux vers 3 ou 4 ans,
– des petits animaux vers 4 ou 5 ans,
– du loup, de l’ogre, des sorcières,
– des microbes, des maladies, de la mort vers 6 ou 7 ans,
– de situations inhabituelles ou banales (peur de vidange de la baignoire ou de la chasse des WC),
– d’être seul dans une pièce.
Ces peurs s’atténuent spontanément de manière assez habituelle. Certaines peuvent d’ailleurs persister sans retentissement décelable sur le développement (par ex. : la peur des souris …) L’absence totale de ces peurs au cours du développement est même considérée par certains comme une anomalie.
Le caractère pathologique de ces manifestations tient à leur intensité, à leur persistance prolongée, à l’angoisse qui les accompagne, à la difficulté à se réassurer, à la complexité des processus contra-phobiques, et à leurs effets nocifs sur le développement.
LES PHOBIES SOCIALES
Peur de parler en public, peur de rougir, peur de ce que l’autre pense de vous. Elles peuvent être des éléments normaux du développement, en particulier, à l’adolescence. Là encore, leur gravité dépend du contexte et de leur caractère plus ou moins invalidant pour l’enfant (ex. : aspects pathologiques de la timidité).
LES PHOBIES SCOLAIRES (refus scolaires anxieux)
Relativement fréquentes (2% des enfants d’âge scolaire). Refus de se rendre à l’école ou de pénétrer dans la classe qui s’accompagne de manifestations d’angoisse intenses (céphalées, maux de ventre, sueurs) et éventuellement de réactions de panique en particulier si l’enfant est forcé. Le calme revient quand l’enfant est assuré de rester à la maison où il peut d’ailleurs travailler. L’enfant n’est pas accessible au raisonnement. Il promet d’aller à l’école le lendemain. On peut retrouver accompagnant cette phobie scolaire, d’autres phobies, des manifestations obsessionnelles, une angoisse de séparation, un état dépressif.
Chez l’adolescent, la phobie scolaire a un mauvais pronostic (1/3 de maintien des difficultés sociales et scolaires, 1/3 de déscolarisation et désocialisation, 1/3 de bon pronostic). En l’absence d’intervention rapide, on peut aboutir à une déscolarisation dont les effets peuvent devenir dramatiques. Il s’agit d’une urgence thérapeutique. Cette phobie scolaire se rencontre souvent chez des enfants dont l’investissement scolaire est très important et qui ne supportent pas l’idée d’un échec ou d’un résultat inférieur à leur souhait mais aussi chez des enfants dépendants et immatures. Elle est à différencier des difficultés de séparation de l’enfant avec la mère à l’école maternelle. Elle est aussi à différencier de l’école buissonnière qui, en particulier, ne s’accompagne pas de manifestations d’angoisse.
LES PHOBIES ATYPIQUES
Certaines manifestations d’allure phobique (y compris scolaires) relèvent en fait d’autres entités pathologiques. On peut les retrouver, teintées de bizarrerie et parfois accompagnées d’angoisses majeures (ex. : peur d’être emporté par le vent, panique déclenchée par l’aspirateur, peur de son ombre, etc.) dans un contexte de psychose infantile ou d’autisme qui est à évaluer.
III – SYMPTOMES DE TYPE OBSESSIONNEL
Les obsessions et rituels pathologiques.
L’obsession est une idée qui assiège le sujet ou une conduite qui s’impose, qui est en rupture avec le système de pensées ou de conduites du sujet (il trouve cela absurde), et contre laquelle il oppose une lutte anxieuse. Le rituel consiste en procédés à valeur « magique » accomplis de façon répétitive dont l’accomplissement soulage l’angoisse mais qui devient lui-même impératif (ex. : lavages de mains répétés sans cesse). Une dimension « compulsive » infiltre plus ou moins l’ensemble : le sujet se sent obligé de penser ou de faire tout en ayant conscience de l’inutilité « objective » de ces obligations.
Des comportements ritualisés d’allure obsessionnelle sont normaux au cours du développement :
– objets jetés à terre avec demande qu’ils soient ramassés (processus de va et vient, perdu-retrouvé, action d’échange et introduction de rythmes chez le bébé ) ;
– rituels d’endormissement (2-3 ans)
– rituels de vérification ;
– rituels autour de la propreté (recherche du pot – lavage de mains) ;
– préoccupations concernant la maladie, la mort ;
– insistance auprès de l’entourage sur le respect des règles (code de la route, peur de l’infraction et de sa punition) entre 6-9 ans ;
– collectionnisme (7-10 ans) ;
– perfectionnisme scolaire.
Ces comportements sont évocateurs de difficultés de structuration de la personnalité soit par leur intensité, soit par leur association à d’autres troubles :
– envahissement par le symptôme (ex. : rituel du coucher interminable, rangements incessants) ;
– apparition d’angoisse en l’absence de respect du rituel
– envahissement par le doute :
– scrupules, timidité et inhibition scolaire chez un enfant intelligent ;
– intellectualisation sans rapport avec l’âge ;
– apparition de tics ;
– troubles dépressifs ;
– mise en évidence d’une insécurité importante.
IV – SYMPTOMES A MANIFESTATIONS CORPORELLES
Le corps est un lieu d’expression de l’ensemble de la personne. Son dysfonctionnement peut renvoyer à ce que la parole ne peut dire ou à ce qui ne peut se penser. Ceci est essentiel chez les tout-petits où les difficultés relationnelles ou d’élaboration mais aussi les étapes normales du développement se manifestent à travers des difficultés somatiques. Des manifestions corporelles sans que l’on retrouve de substrat organique peuvent être l’expression d’un conflit intra psychique (manifestations d’allure hystérique). Au cours de son développement l’enfant comme l’adolescent
– a besoin d’attirer l’attention et de séduire ;
– a besoin d’imiter ;
– est suggestible ;
– éprouve de la difficulté à relier désir et réalité et peut les confondre plus ou moins ;
– peut fabuler, enjoliver.
Certains symptômes :
– troubles ostéo-musculo-articulaires : boiteries, paralysies, douleurs
– troubles de la parole pouvant aller jusqu’au mutisme
– céphalées
– douleurs abdominales
– etc…
nécessitent une exploration concomitante sur le plan organique et sur le plan psychologique.
Ils ne doivent pas être considérés comme « rien » sous prétexte que l’exploration organique reste négative ou peu probante mais doivent au contraire attirer l’attention sur la difficulté ou l’impossibilité pour l’enfant de mentaliser une souffrance qu’il ne peut ni reconnaître ni faire reconnaître à sa juste place. Ces symptômes échappent au contrôle de l’enfant et doivent être différenciés de la simulation qui est volontaire même si elle peut aussi relever de difficultés de structuration de la personnalité. Les « bénéfices » éventuellement tirés des manifestations corporelles peuvent être source de confusion pour le médecin et l’entourage
quant au caractère « volontaire » des troubles. Un rapprochement avec les troubles constatés chez l’adulte a pu faire qualifier ces manifestations d’ «hystériques » en référence à la théorie psychanalytique. Malheureusement, ce terme a été détourné de son sens dans le langage courant, y compris médical. Il est souvent porteur d’un regard dépourvu d’empathie sur le malade dont la souffrance n’est ainsi pas reconnue et son utilisation est inadéquate chez l’enfant.
VI – INHIBITION
Elle porte sur une limitation plus ou moins intense de l’expression intellectuelle, verbale et motrice. La carence d’expression n’est pas synonyme d’une carence des potentialités.
Elle est normale dans certaines situations et aussi à certaines périodes du développement (puberté). Elle se manifeste par une retenue devant l’inconnu, la nouveauté, l’inhabituel (ex. : contrôle scolaire, rencontre d’un personnage admiré ou redouté, changement de
classe, colonie de vacances, etc.)
Modes d’expression :
– corporel :
gestes empruntés,
raideur tonique,
pauvreté mimique,
impression d’être figé ou ralenti.
– langagier :
parle peu (jusqu’au mutisme),
possibilités de troubles d’élaboration du langage oral ou écrit.
– fonctionnement intellectuel et imaginaire :
sensation de tête vide, de difficultés à penser (« n’imprime plus »), difficulté d’évocation ;
difficulté de participation qui peut entraîner des difficultés scolaires ;
parfois, donne l’impression de déficience intellectuelle (avec même une diminution de l’efficience aux tests de niveau) ;
pauvreté imaginaire qui peut se retrouver dans les jeux (ex. : ne peut dessiner spontanément mais seulement recopier, a des activités de jeux essentiellement répétitives).
– vie relationnelle :
difficultés à nouer des liens avec les autres, à s’engager dans la relation ;
repliement sur soi et chez soi ;
difficulté à témoigner de ses émotions.
L’excuse de la timidité, le non dérangement de l’entourage par excès de sagesse ou l’étiquetage rapide comme enfant à faibles compétences empêchent souvent de reconnaître la gêne au développement de la personnalité dont ces manifestations sont le signe. Ces manifestations peuvent s’exprimer de façon permanente ou transitoire mais répétitive.
VII – LES TROUBLES DE L’ADAPTATION
La classification internationale des maladies (CIM-10) décrit les troubles de l’adaptation comme une réaction non adaptée à un facteur de stress identifiable, débutant dans les trois mois suivant la survenue de celui-ci. Le point important est le caractère non adapté entraînant un handicap du fonctionnement social ou scolaire ou des symptômes exagérés par rapport à une réaction prévisible à ce facteur de stress. Les perturbations cessent après la disparition du facteur de stress ou quand un nouveau niveau d’adaptation est atteint. L’évolution est souvent spontanément favorable en quelques mois.
Il convient de distinguer les facteurs de stress aigus comme un déménagement ou un changement d’école et les facteurs de stress chroniques comme par exemple une maladie somatique chronique ou des conflits familiaux.
Différentes formes cliniques sont possibles en fonction des symptômes prédominants avec humeur anxieuse et/ou dépressive, ou d’autres émotions se manifestant par un comportement régressif (énurésie, succion du pouce ou « parler bébé ») et/ou perturbation des conduites (colères, agressivité) inhibition, retrait social ou manifestations atypiques.
VIII – SYNDROME DE STRESS POST TRAUMATIQUE
Il est caractérisé par le développement avec un temps de latence variable de symptômes typiques faisant suite à un événement traumatisant (stress) hors du commun.
L’enfant peut être exposé à un seul événement traumatisant du type catastrophe naturelle ou prise d’otage, attentat, accident de la circulation avec mort d’un proche…., ou bien, il peut être soumis à des traumatismes répétés : mauvais traitements physiques ou sexuels, persécutions au cours des régimes totalitaires…. On distingue classiquement 2 types de traumatisme :
. Type 1 : fait divers violent
. Type 2 : mauvais traitements physiques et sexuels
La clinique est dominée par :
. Un syndrome de remémoration (ou reviviscence) de l’événement : le patient est envahi par des souvenirs répétitifs de la situation stressante qui s’imposent à son esprit (jeux répétitifs, remises en acte, flash-back) ou par des cauchemars où il
revit celle-ci.
. Un évitement persistant des stimuli : il fait des efforts délibérés pour éviter les sentiments, les activités ou situations éveillant le souvenir du stress. Il s’intéresse moins aux activités auparavant investies dans un émoussement de la réactivité générale.
. Une hyper-réactivité neurovégétative avec symptômes physiques, hyper vigilance, irritabilité, accès de colère, difficultés de concentration et troubles du sommeil.
. Des troubles associés à type d’autres troubles anxieux, troubles de l’humeur culpabilité ;
. Dans le cas des traumatismes de type 2, des mécanismes d’adaptation (déni, identification à l’agresseur, auto agressivité, émoussement psychique, dépersonnalisation et dissociation) s’inscrivent dans un processus d’accommodation et de protection psychique.
EVALUATION CLINIQUE
Nous avons décrit les symptômes névrotiques les plus fréquents chez
l’enfant. Il importe d’évaluer :
1° la gêne entraînée par le ou les symptômes pour l’enfant et pour l’entourage :
2° comment ces symptômes influencent la structuration de la personnalité de l’enfant ou rendent compte de perturbations de celle-ci.
Eléments de risque évolutif :
1° au niveau des symptômes :
intensité des symptômes ;
multiplicité des symptômes (de façon successive ou concomitante) ;
persistance d’un symptôme ;
absence de tendance à la résolution progressive et spontanée, (en particulier, au-delà de l’âge où certaines manifestations peuvent être considérées comme normales).
2° au niveau de l’enfant :
envahissement par les symptômes ;
non progression vers la maturité ;
inhibition à jouer ;
instabilité ;
bonne adaptation scolaire apparente mais perte de plaisir ;
inhibition du désir de connaître ou chez les plus grands, intellectualisations ;
difficulté à maîtriser l’angoisse ;
fuite dans l’imaginaire (toujours ailleurs) ;
hyper adaptation aux exigences éducatives familiales ;
sentiment de gène, de souffrance, de honte lié au symptôme.
3° au niveau de l’environnement :
méconnaissance ou désintérêt des symptômes et des difficultés de l’enfant, par la famille ;
réduction de l’enfant à ses troubles. On s’intéresse essentiellement à ses symptômes que ce soit pour le fustiger ou pour le plaindre. Dans le même temps, ses compétences sont sous estimées.
concomitance entre des difficultés de l’enfant (fragilité liée au franchissement d’une étape de développement ou à une maladie organique) et des difficultés de l’entourage (problème dans la réalité -maladies, difficultés sociales- ou problèmes de personnalité).
Eléments d’évolution favorable spontanée
1° au niveau des symptômes :
symptômes classiques dans cette période de développement.
2° au niveau de l’enfant :
absence d’envahissement par le symptôme ;
poursuite d’un développement global harmonieux ;
aisance dans la relation ;
attrait pour la connaissance et le jeu ;
facilité imaginaire s’accompagnant d’une bonne adaptation à la réalité ;
manifestations modérées d’angoisse.
3° au niveau de l’environnement :
position attentive de la famille ;
absence de projection majeure du symptôme dans l’avenir (ni « cela passera à la puberté » ni fascination par « qu’est-ce-que ça va devenir quand il sera adolescent ? »).
Il est nécessaire d’être attentif à l’évolution des symptômes pour éviter une organisation pathologique de la personnalité se constituant progressivement à bas bruit. Le pronostic repose en partie sur une évaluation précoce permettant une intervention thérapeutique efficace.
TRAITEMENT
Bases du traitement
Les indications des modalités d’abords thérapeutiques ne sont pas réductibles aux seuls symptômes mais à une évaluation de la dynamique des interactions qui s’exercent entre les symptômes, la personnalité de l’enfant et l’environnement.
La thérapeutique porte sur :
– Aborder exclusivement les symptômes peut être la négation de la souffrance cachée de l’enfant et peut compromettre l’harmonie du développement de sa personnalité. Cet abord isolé risque de faire disparaître la réalité psychique aux dépens de la réalité manifeste.
– Négliger les symptômes en s’intéressant seulement à leur origine peut être un manque de respect à l’égard de l’enfant et de sa souffrance. L’accès à la réalité psychique peut être compromis par le défaut d’intérêt ressenti par l’enfant pour la réalité manifeste.
– Centrer le travail uniquement sur les dysfonctionnements familiaux et parentaux et sur l’histoire peut être une façon de privilégier le passé aux dépens du présent et de ne pas donner à l’enfant la place qui lui revient.
Moyens thérapeutiques :
– Une thérapeutique médicamenteuse (sédatifs, antidépresseurs). Elle peut permettre une amélioration des symptômes et favoriser une reprise de la dynamique évolutive de la construction de la personnalité. Cette thérapeutique médicamenteuse ne doit jamais être poursuivie de façon durable et isolée chez l’enfant. (Pour la conduite du traitement et le risque d’effets secondaires, cf. Chapitre Prescriptions des psychotropes, Module 11, Question 176).
– Un soutien psychothérapique peut aider à dénouer une situation critique, permettre une reprise de la dynamique évolutive de la personnalité qui a achoppé dans des conflits inconscients. Ce travail ne peut s’effectuer que s’il y a une alliance suffisante avec les parents. On doit au minimum s’assurer qu’ils peuvent supporter le changement de place de leur enfant entraîné par la thérapeutique et qu’ils ne se vivent pas comme abandonnés, exclus ou jugés. Ce qui nécessite la mise en place d’une bonne alliance avec eux.
– Une thérapie cognitivo-comportementale peut aider à supprimer les symptômes gênants. A l’abri de cette thérapeutique, la dynamique évolutive de la personnalité
peut se remettre en marche de façon satisfaisante mais il est essentiel de s’en assurer.
– Une thérapie familiale peut permettre de travailler sur les interactions et sur la place de chacun.
– L’hospitalisation en pédopsychiatrie est parfois indiquée. Lors de situations invalidantes, elle permet une prise de distance (pour l’enfant comme pour les parents et une réorganisation des relations. Elle peut favoriser l’autonomie et permettre de réintroduire une sécurité.
– Les actions socio-éducatives : elles permettent de comprendre les tensions qui s’exercent dans le milieu de vie. Elles peuvent contribuer à augmenter la confiance en lui de l’enfant. Là encore, les indications sont liées à l’ensemble symptôme / enfant / entourage et non à la seule symptomatologie évaluée isolément.
Ces traitements ne s’opposent pas et ne sont pas exclusifs les uns des autres.
CRISE D’ANGOISSE AIGUË CHEZ L’ENFANT
OBJECTIFS
Savoir reconnaître une crise d’angoisse aiguë
Savoir analyser
– la sémiologie
– les circonstances déclenchantes dans l’histoire de l’enfant
– l’évolution dans le temps
Savoir rechercher les facteurs prédisposants
Eliminer une pathologie organique
Savoir mettre en place les mesures thérapeutiques
La crise d’angoisse aiguë se définit comme la survenue brutale chez l’enfant ou l’adolescent d’un état de malaise caractérisé par des signes psychiques :
– tantôt une peur sans objet, indéfinissable
– tantôt plus précisément la peur de mourir, la peur de perdre le contrôle sur soi, de devenir fou, la peur de perdre le contrôle sur l’environnement qui peut être plus reconnu (perte des repères spatio-temporaux), de se transformer (hallucinations), ou de devenir dangereux (persécution).
1 .1 Elle est accompagnée de signes physiques
– agitation ou sidération motrice,
– signes neuro-végétatifs, palpitations, étouffement, sueurs,
– douleurs (céphaliques, abdominales).
Son début et sa fin sont brutaux, ainsi elle est limitée dans le temps (de quelques minutes à quelques heures).
Son déclenchement est réactionnel à un événement extérieur, à une circonstance plus ou moins clairement identifiée, actuelle ou réactivant un événement plus ou moins ancien (cf angoisse de séparation, d’abandon), ou à un stress post-traumatique.
Sa résolution est spontanée ou liée aux réactions adoptées.
Cette crise d’angoisse aiguë peut survenir dès l’enfance où prédominent les symptômes physiques ; elle est fréquente aussi au moment de l’adolescence, notamment chez les filles ; elle peut se compliquer, si elle se répète, surtout chez le garçon d’intoxications (alcool, médicaments, drogue) et, chez la fille, plutôt de crises tétaniques ou boulimiques.
1 .2 – Il peut exister un fonctionnement psychique prédisposant
– trouble anxieux généralisé dont l’intensité augmente avant la crise aiguë ( cf trouble anxieux) ;
Autres :
– manifestations névrotiques généralement discrètes dans ce contexte ;
– état dépressif ;
– agoraphobie, phobie scolaire ou phobie sociale.
1.3 – Il peut exister des facteurs organiques :
– malaise lié à une maladie organique à rechercher par un examen soigneux ;
– hyperthyroïdie ;
– intoxication ou sevrage, notamment médicamenteux.
2 Conduite à tenir
2 .1 – Immédiate
– rassurer l’enfant et son entourage ;
– si besoin, l’isoler en milieu sécurisant, contenant affectivement ;
– prescrire momentanément des tranquillisants (cf chapitre prescription de psychotropes chez l’enfant).
2 .2 A plus long terme si répétition
– traiter la cause déclenchante, le terrain ;
– engager un travail psychothérapique individuel : cognitivo-comportemental et/ou d’inspiration psychanalytique, et familial ;
– prescrire un médicament au long cours pour prévenir les récidives : antidépresseurs plutôt que tranquillisants ;
– selon l’âge de l’enfant (guère avant 7 ans), proposer une technique d’auto-apprentissage de la maîtrise du corps : relaxation.
PLAN :
NOURRISSON
ENFANT
ADOLESCENT
TROUBLE BIPOLAIRE
CRISE SUICIDAIRE
LA DEPRESSION DU NOURRISSON
1) – Introduction
La dépression anaclitique décrite par SPITZ en 1946 correspond à un tableau clinique survenant au décours d’une séparation brutale avec la mère.
La dépression du nourrisson s’origine le plus souvent dans un trouble des interactions précoces, celles-ci n’étant plus propices à un bon développement psychomoteur. Les interactions précoces peuvent être altérées en cas de séparation précoce et prolongée de la mère (institutionnalisme et hospitalisme), en cas de maltraitance, ou encore de pathologie maternelle (dépression maternelle, psychose maternelle) ou de trouble de l’enfant empêchant tout investissement positif de la relation par la mère. On peut aussi ajouter un milieu familial peu soutenant pour la mère ainsi qu’un contexte social défavorable qui va marquer indirectement la relation mère-enfant.
Toute dépression à cet âge de la vie constituera une fragilité et une sensibilité plus importante pour développer des dépressions ultérieures. ++++
2) – Clinique
Tableau clinique : Chez le nourrisson a été décrit, dès 1946, un état qui « chez l’adulte évoquerait une dépression » (SPITZ). Cet état d’apathie massive avec refus de contact et indifférence à l’entourage survenant dans des conditions particulières est encore d’actualité. Si le tableau clinique est rarement aussi complet que celui qui a pu être repéré dans certaines situations catastrophiques récentes (guerres, génocides…), il n’est pas rare de le retrouver avec des variations en fonction de l’âge, de la sévérité et de l’ancienneté des troubles.
Ce tableau de la dépression du nourrisson s’organise autour des symptômes suivants :
A cette triade s’ajoute la désorganisation psychosomatique en rupture avec le développement antérieur du bébé : troubles des conduites alimentaires, arrêt de croissance, retard du développement psychomoteur, troubles du sommeil, troubles du transit.
Cette dépression du nourrisson est attribuée le plus souvent à la rupture des liens d’attachement, spécialement avec la mère à la suite d’expériences de séparation ou de perte. La pauvreté de l’interaction, l’absence ou le peu d’harmonisation affective lorsqu’ils se prolongent, sont tout à fait préjudiciables pour l’évolution du bébé. Cette situation peut se voir lorsque la mère, pour des raisons diverses, est rendue indisponible pour son bébé.
Dans d’autres cas, des conditions somatiques semblent être au moins partiellement en cause, notamment la douleur physique (souvent méconnue chez le bébé), certaines infections, des troubles nutritionnels, des complications périnatales.
Ces circonstances d’apparition parfois inapparentes ou insuffisamment repérées, doivent être recherchées dans un but de prévention.
Ces manifestations à la fois comportementales et somatiques traduisent la détresse du bébé face à ces ruptures. Il exprime par là, dans la relation avec son entourage et en particulier la mère, à la fois sa souffrance et un essai d’adaptation à une situation traumatique qui a désorganisé les interactions précoces.
Diagnostic différentiel : le principal est les troubles autistiques :
3) – Prise en charge et évolution
Les troubles qui se rattachent à la dépression chez le bébé mettent en jeu le devenir de son rapport à l’autre. Confronté à la défaillance de la fonction parentale de sa mère ou de ses substituts et à l’absence de la parole d’un tiers qui donne sens à cette situation, le bébé s’engage dans une série de manifestations psychomotrices qui témoignent de la souffrance psychique du nourrisson et ont une fonction d’appel pour l’entourage. Si ces tentatives sont reconnues et reçoivent une réponse, la situation peut avoir une issue favorable. La référence paternelle joue ici un rôle décisif par le soutien apporté à la mère pour qu’elle réinvestisse sa fonction parentale et/ou en se substituant à la mère défaillante dans sa fonction parentale. Si l’environnement du bébé ne s’améliore pas, la porte est ouverte à l’aggravation de sa désorganisation et à un épuisement progressif car il investit une grande énergie pour mobiliser ses partenaires parentaux pour obtenir des interactions adaptés. Au fil du temps, on pourra voir survenir des troubles somatiques avec sensibilité aux infections, un retard staturo-pondéral, des altérations du développement avec apparition d’un retard psychomoteur, des apprentissages et de la communication, des pathologies psychosomatiques, et à terme, des troubles de la personnalité.
L’intervention thérapeutique visera donc à prendre en charge la dyade mère-bébé. Pour les modalités nous renvoyons au chapitre suivant. On doit cependant souligner qu’il n’existe aucune étude longitudinale prospective qui apporte des informations sur les conséquences de la dépression du nourrisson à moyen et à long terme.
Toute dépression du nourrisson semble cependant constituer une vulnérabilité favorisant la survenue de dépressions ultérieures, et pourra aussi favoriser la survenue de TDAH, voire de troubles graves de la personnalité.
LA DEPRESSION DE L’ENFANT
1) – Prévalence
Concept relativement récent, la dépression de l’enfant intéresse les professionnels de la petite enfance que depuis une trentaine d’année. Le concept est d’autant plus délicat que tout enfant va passer au cours de son évolution par des moments dépressifs non pathologiques. Faire la différence entre ces variations de la normale et un authentique épisode dépressif représente un enjeu majeur.
Prévalence variable selon les études et les critères pris en compte. Elle peut être estimée à 1 p.100 pour la population des 6-12 ans. La dépression de l’enfant est donc assez rare. Mais ces études portent plus volontiers sur la dépression majeure. Si on souhaite aussi y inclure les dépressions mineures, la prévalence peut être estimée à 2 p.100. Retenons que certaines études ont montré que les signes de dépression de l’enfant sont souvent sous-estimés.
2) – Psychopathologie
La tristesse n’est pas l’épisode dépressif mais représente une réaction émotionnelle dont tout enfant fait un jour ou l’autre l’expérience.
La dépression de l’enfant sur un plan psychopathologique serait réactionnelle à une perte ou une séparation (rupture de liens d’attachement), entraînant alors une situation de deuil : l’expérience de perte, quand elle n’est pas surmontée par un travail de deuil conduit à la dépression (parallèle deuil-dépression fait par Freud dans « Deuil et mélancolie »).
L’épisode dépressif chez l’enfant survient sur une personnalité en voie de constitution, dans une interrelation étroite avec son environnement. Sa place doit être appréciée au regard de cette dynamique évolutive décisive et le terme d’organisation n’implique pas l’idée d’une structure figée :
Dans un cas comme dans l’autre, le retour à la normale est rapide, aidé parfois par des mesures simples (conseils aux parents, modifications de la dynamique interactive suite à des interprétations données aux parents); l’enfant dispose de capacités à vivre la dépression sans dommage grave. Il peut faire face à la perte, grâce à des mouvements adaptatifs étayés par l’entourage attentif et bienveillant et faire appel à son entourage par ses symptômes. Ceci étant, certaines dépressions réactionnelles, de par leur intensité d’emblée ou en raison de leur maintien, peuvent nécessiter des interventions plus complexes en rapport avec l’ampleur du bouleversement psychique qu’elles ont induites et des risques de séquelles psychiques à terme..
L’humeur dépressive peut alterner rapidement avec des phases d’excitation qui dissimulent mal la souffrance sous-jacente (psychose dysthymique) ; Il n’existe cependant pas de consensus autour du trouble bipolaire chez l’enfant (même si 20 à 40 % des troubles bipolaires semblent commencer avant 13 ans). Le risque évolutif majeur est l’apparition de troubles sévères de la personnalité à l’âge adulte.
En conclusion, l’épisode dépressif occupe une place centrale dans la dynamique du développement de l’enfant. La personnalité sous-jacente de celui-ci lui donne un potentiel évolutif variable. Plus que l’intensité de l’épisode dépressif, c’est la possibilité qu’aura l’enfant de l’élaborer et de le surmonter qui jouera un rôle déterminant sur son devenir. Cette capacité est elle-même étroitement dépendante des aides qui lui seront fournies. Le risque de ne pas être soutenu est particulièrement important pour les enfants qui manifestent leur souffrance par le silence et l’inhibition.
3) – Facteurs favorisants
Dépression de l’enfant et événements de vie :
Dépression de l’enfant et environnement familial :
Dépression de l’enfant et maladie chronique :
Plus que l’atteinte somatique en soi, seraient impliqués dans l’apparition d’un état dépressif la durée de l’affection, la douleur chronique (+++), certains traitements, les réactions de l’entourage, et indirectement les situations de séparation qu’elle entraîne.
Dépression de l’enfant et sexe :
On ne retrouve pas de différence significative entre garçon et filles jusqu’à la puberté, les adolescentes devenant plus nombreuses à être déprimées que les adolescents.
Dépression de l’enfant et scolarité :
Les symptômes de la dépression vont s’exprimer de façon importante à l’école : tout fléchissement des notes ou toute cassure dans le rendement scolaire et le comportement sera à rechercher ! En retour, le cadre scolaire avec ses exigences peut être aussi à l’origine du vécu dépressif de l’enfant, en tout cas, peut aggraver le vécu lié à l’épisode dépressif.
4) – Clinique
La dépression de l’enfant peut s’exprimer par un tableau clinique rappelant celui de l’adulte avec la tristesse de l’humeur comme élément diagnostique central. Mais la dépression de l’enfant prendra plus volontiers des formes moins caractéristiques, plus variées voire trompeuses, et ce d’autant plus que l’enfant sera jeune : on parle alors de dépression masquée.
Il n’existe pas de signe pathognomonique de la dépression de l’enfant. Pratiquement toute la sémiologie psychiatrique infantile peut être décrite à propos de l’enfant dépressif. Ce qui sera le plus caractéristique c’est la notion de changement marqué par rapport au comportement et au mode relationnel antérieurs, l’association de certains signes et leur persistance dans le temps, le discours de l’enfant et ses dessins qui peuvent donner des éléments en rapport avec la souffrance de l’enfant…
Le signes cliniques les plus souvent rencontrés dans l’épisode dépressif sont :
Dans certains cas l’épisode dépressif n’est pas reconnu ou est dénié par l’entourage. C’est le cas quand la sémiologie est peu marquée et l’enfant va alors présenter des troubles durables. L’humeur dépressive, le vécu douloureux, le sentiment de dévalorisation semblent avec le temps passer au second plan, au profit de signes plus bruyants : agitation, irritabilité, opposition, passages à l’acte, échec scolaire. Il devient alors encore plus difficile de repérer la dépression sous-jacente (dépression masquée).
5) – Diagnostic différentiel
Les douleurs chroniques peuvent être à l’origine de syndromes dépressifs. Il faut alors prendre en charge au mieux ces douleurs et leur cause.
Le diagnostic différentiel se pose essentiellement chez les plus petits. Il s’agira de différencier un syndrome de repli autistique et la symptomatologie négative de la dépression qui est aspécifique. Dans certaines dépressions majeures, on peut avoir une atteinte des capacités relationnelles et des compétences sociales classiquement plus déficitaires dans l’autisme et les troubles envahissants du développement. Il est essentiel de rechercher une cassure dans l’histoire des symptômes du jeune patient, cassure évoquant alors la dépression. ATTENTION : les autistes et enfants atteints de TED peuvent développer un syndrome dépressif entravant encore davantage leurs capacités de communications.
L’enfant déprimé peut présenter un tableau d’instabilité psychomotrice. Des défenses maniaques viennent alors empêcher l’effondrement dépressif. De plus, les enfants atteints de TDAH peuvent se déprimer, se construisant une image dévalorisante d’eux-mêmes devant leurs échecs et les remarques désobligeantes de leur entourage. Le diagnostic est souvent difficile, d’autant que la comorbidité parait importante. L’épreuve thérapeutique souvent tranchera dans les cas les plus litigieux, tout comme l’évolution.
(refus scolaire, troubles alimentaires, troubles du sommeil, plaintes somatiques…). Ils peuvent être une forme de dépression masquée. Mais la dépression grèvera le plus souvent les différents champs de la vie de l’enfant en ayant des répercussions morbides dans le champ affectif, scolaire, somatique (troubles du sommeil, troubles de l’appétit, céphalées, maux de ventre, vomissements…) ludique (activités extrascolaires) et relationnel. Les troubles anxieux quand ils sont isolés seront moins invalidants. Cependant la comorbidité est très importante.
6) – Evolution
Elle dépend étroitement des réactions de l’environnement, et de l’organisation sous-jacente de la personnalité, ainsi que de la précocité et de la qualité des mesures d’aides pluridimensionnelles mises en place.
Certains moments dépressifs doivent être compris comme des événements structurants quand ils peuvent être dépassés grâce aux ressources de l’enfant et à l’ajustement de la réponse de l’entourage familial aidé parfois par un tiers.
Lors d’une chronicisation de la dépression, une évolution est possible vers des complications à type de troubles anxieux, troubles du comportement de type troubles oppositionnels avec provocation (TOP), caractériels, voire délinquance, désinsertion progressive notamment scolaire. Comme dans un cercle vicieux ces troubles viennent entretenir la dépression.
L’apparition d’une dépression majeure chez un enfant ou un jeune adolescent peut être le premier épisode (reconnu) de troubles bipolaires (20 à 40 % des troubles bipolaires débuteraient avant 13 ans) : il s’agit d’être attentif aux antécédents familiaux de dépression, de troubles bipolaires (existence de traitement dans la famille par Lithium ou Dépakote, Tégrétol ou Dépamide) de suicide, d’alcoolisme et de prises de toxiques.
Après la puberté, l’évolution de l’incidence de la dépression varie selon le sexe : la fréquence de la dépression devient plus élevée chez les filles que chez les garçons.
Le risque de récidive : les enfants qui ont présenté un état dépressif majeur sont plus exposés à un épisode dépressif ultérieur.
Suicide : le passage à l’acte suicidaire reste rare chez l’enfant déprimé de 6-12 ans même s’il semble que les idées de suicide sont sous-estimées.
7) – Traitement
Quelle que soit l’approche thérapeutique, l’une des conditions essentielles de réussite est l’alliance avec l’enfant et ses parents. Elle impliquera une information claire et adaptée à chaque situation, soutenante et évitant de majorer les mouvements de culpabilité.
Les consultations :
Le médecin traitant est le mieux placé et le plus accessible pour identifier les signes cliniques. L’écoute empathique et la reconnaissance de l’enfant en tant que sujet en souffrance sont déjà thérapeutiques.
Le spécialiste intervient sous la forme de consultations thérapeutiques, il précise le diagnostic et propose en concertation avec le médecin traitant les mesures thérapeutiques les plus adaptées.
Les aides psychosociales (quand l’environnement est lié à l’apparition ou au maintien de la dépression) :
Guidance parentale, aménagements scolaires, aides sociales ou matérielles.
Les psychothérapies :
Les indications sont posées après avis spécialisé.
Psychothérapies individuelles, mère-enfant (pour les jeunes enfants), de groupe ou familiales (si la dynamique familiale peut être impliqué dans la genèse ou le maintien de la dépression : attitudes dévalorisantes, humiliations…).
Il peut s’agir de thérapies d’inspiration analytique, de thérapies cognitives et comportementales, ou encore de thérapies systémiques quand il s’agit d’intervenir à l’aide de thérapies familiales.
Les indications dépendront de la problématique sous-jacente de l’enfant et de la famille, les possibilités de mobilisation et de la demande d’aide de chacun, mais aussi malheureusement les moyens disponibles et leur accessibilité.
Les médicaments :
Une prescription d’antidépresseur chez l’enfant ne sera jamais envisagée en première intention et doit reposer sur une évaluation approfondie et spécialisée. Lorsqu’elle s’impose elle doit toujours s’inscrire dans un ensemble cohérent de mesures thérapeutiques associées.++++
Les indications reconnues de façon consensuelle :
Dans ces cas le recours à une hospitalisation peut s’avérer nécessaire.
Les IMAO ne sont pas prescrits chez l’enfant et l’adolescent. Les antidépresseurs utilisés en première intention, bien que n’ayant pas d’AMM dans la dépression de l’enfant (sauf la fluoxétine, PROZAC, à partir de 8 ans) sont les inhibiteurs du recaptage de la sérotonine (IRS) [Fluoxétine (PROZAC), Paroxétine (DEROXAT), Citalopram (SEROPRAM), Sertraline (ZOLOFT, AMM à partir de 6 ans pour les TOC] à une posologie adaptée au poids. La durée des traitements est de l’ordre de six à neuf mois, voire un an. Les trycycliques peuvent être prescrits [Clomipramine (ANAFRANIL), Amitriptyline (LAROXYL)…] mais bien qu’ayant l’AMM dans la dépression de l’enfant leurs effets secondaires sont nombreux et leur toxicité lors de prises massives est grande avec risque létal.
La suspicion forte d’une dépression inaugurant ou inscrite dans un trouble bipolaire doit conduire à la prescription de normothymique en première intention [Carbamazépine (TEGRETOL), Divalproate de sodium (DEPAKOTE), valpromide (DEPAMIDE)…].
Des anxiolytiques pourront être ajoutés si nécessaire. Cependant, l’intérêt des anxiolytiques n’a pas été prouvé chez l’enfant déprimé et l’abstention est préférable ; de même toute polychimiothérapie est à proscrire.
Le suivi thérapeutique devra évaluer l’observance et surveiller l’éfficacité du traitement et sa tolérance.
8) – Prévention
Chez le nourrisson : repérer et corriger les circonstances potentiellement favorisantes : situation de rupture et de discontinuité, souffrance maternelle, souffrance physique du bébé.
Chez l’enfant plus grand : prévention sur les risques de discontinuité, sur l’élaboration psychique des événements de vie, soutien à la parenté.
LA DEPRESSION DE L’ADOLESCENT
L’adolescence est une période de la vie où l’individu expérimente de façon physiologique et normale le deuil et la tristesse. Celle-ci ne doit donc pas être confondue avec la dépression. Cet état de fait rend alors le diagnostic de dépression plus compliqué à cet âge de la vie. L’enjeu est cependant de taille car une dépression non diagnostiquée à ce moment clé de la vie va avoir de lourdes conséquences sur les interactions sociales et sur l’équilibre familial. Le risque suicidaire est ici un risque majeur.
1) – Epidémiologie
Prévalence de 5 p.100 pour les épisodes dépressifs majeurs et 5 p.100 pour les dysthymies (versus 1 p.100 pour les deux troubles chez l’enfant). Ceci est à retenir comme ordre de grandeur plus que comme chiffre fiable. C’est une estimation au regard de la grande variabilité constatée entre les différentes études. Ce qui nous semble intéressant est ce rapport de 1 pour 5 entre l’enfance et l’adolescence.
Retenons aussi un changement du sexe-ratio qui est de 1 pour 1 à l’enfance et qui devient de 2 filles pour 1 garçon après la puberté.
Plusieurs auteurs ont constaté une augmentation en fin du XXème siècle de la dépression de l’adolescent due probablement à des raisons d’ordre sociologique (familles contemporaines).
2) – Notions psycho-dynamiques de l’adolescence
L’adolescence est une période sensible de la vie où l’individu n’est plus un enfant et n’est pas encore un adulte. Cette situation amène l’adolescent à se questionner sur son identité avec toutes les angoisses qu’une telle remise en question implique. S’il n’est plus un enfant c’est alors qu’il doit faire un deuil ; celui de l’identité infantile qu’il avait jusque-là, de ses relations privilégiées à ses parents, …
La maturité sexuelle de la puberté est au cœur de la problématique adolescente. Le corps est l’objet de transformations importantes et angoissantes pour le jeune. Les bouleversements sont physiques (hormonaux) mais aussi psychiques (pulsionnels). L’accessibilité à une génitalité change la donne des relations à l’autre et notamment des relations aux parents. En effet en accédant à la génitalité, la problématique œdipienne se réactualise, d’autant plus que les transformations corporelles (musculature du garçon, rondeurs de la fille) rendent hypothétiquement possible la réalisation sur le plan physique du fantasme oedipien.
Or la phase œdipienne (3ans-6ans) doit s’être résolue avec l’intériorisation de l’interdit de l’inceste qui va constituer les bases du surmoi, instance formée des interdits sociaux intériorisés, essentielle à la modulation des comportements du sujet. L’adolescent est donc pris entre le marteau et l’enclume, entre d’une part la poussée pulsionnelle liée à la puberté et la réactualisation de la problématique œdipienne et, d’autre part l’interdit de l’inceste venant constituer pour partie le surmoi de l’individu. Il en résulte un conflit qui va pousser l’adolescent à prendre des distances avec ses parents. Il va d’abord se replier sur lui-même (investissement narcissique de la libido) pour ensuite aller chercher à l’extérieur du cercle familial d’autres objets d’amour (les copains, les copines, …). Ce conflit entraîne des comportements agressifs à l’égard de l’entourage envers lequel l’adolescent est pris dans des mouvements ambivalents, avec une propension au passage à l’acte.
Après la phase œdipienne, entre 7 et 12 ans environ est décrite la phase de latence, phase essentielle à la mise en place d’acquis et de défenses psychiques nécessaires dans la gestion de la crise à venir qu’est l’adolescence. Or cette phase paraît moins étendue dans le temps, voire inexistante dans les familles contemporaines où la gestion de l’œdipe est plus compliquée, ce qui pourrait expliquer en partie la plus grande fréquence de la dépression de l’adolescent remarquée par les auteurs pour les dernières générations !
On comprend mieux alors que dans un tel contexte l’adolescence soit un âge à risque plus important de dépression et de passage à l’acte suicidaire.
3) – Aspects cliniques
La sémiologie est là aussi polymorphe et sensiblement différente de celle de l’adulte.
Le syndrome dépressif est distingué de l’humeur dépressive classique de l’adolescence. Celle-ci se caractérise par un sentiment d’ennui, de morosité, de désenchantement avec parfois une opposition et une irritabilité avec colères essentiellement dans le milieu familial, témoin des enjeux psychiques sous-jacents liés au travail psychique du processus de l’adolescence. Les notions psychodynamiques données précédemment, à la lumière des différents deuils, conflits et remises en causes, évoquent l’adolescent normal comme étant l’objet d’une menace
dépressive et de mouvements anxiodépressifs. Dans ces états cliniques classiques à la limite de la pathologie, il faut préciser qu’il n’y a pas de risque suicidaire particulier.
La demande de soin survient lorsque le seuil de tolérance du milieu est dépassé. Ce seuil est d’ailleurs plus facilement dépassé semble-t-il dans les modèles familiaux contemporains où l’on ne supporte que difficilement les conflits. Un travail essentiellement à base de guidance parentale sera à effectuer au cours de ces consultations de plus en plus fréquentes. Si le sentiment de tristesse perdure et interfère avec le milieu scolaire et les loisirs, il faudra alors réévaluer la situation et prévenir un authentique syndrome dépressif !
Le syndrome dépressif franc est notamment marqué par l’association de différents signes cliniques :
4) – Ethiopathogénie de la dépression
Facteurs génétiques
Hérédité et trouble bipolaire : une relation bien établie (20 à 40 % des troubles bipolaires commenceraient avant 13 ans).
Concept de vulnérabilité génétique : la génétique seule ne peut expliquer la genèse de la dépression, il faut la rencontre d’un terrain (vulnérabilité) et de facteurs d’environnement (« stress »).
Facteurs environnementaux
Facteurs psychopathologiques
Affinités entre adolescence et dépression. L’histoire infantile est aussi à considérer car elle peut créer une « vulnérabilité à la perte » qui viendra compliquer l’autonomisation et aggraver le risque dépressif.
(Sur la fragilité de l’adolescent face à la dépression : cf. le chapitre sur les notions psycho-dynamiques de l’adolescence plus haut).
Facteurs sociologiques
Environnement social et familial insécurisant, valeurs véhiculées par les médias invitant l’adolescent à l’individualisme, à privilégier le paraître, qui banalisent la sexualité et aggravent ainsi le questionnement juvénile. (cf. nouvelles familles).
L’hypothèse d’un déterminisme multifactoriel dans la dépression est séduisante. Elle laisse entendre que des raisons variées et additionnées ont pu entraver les capacités de l’adolescent à mettre en place des stratégies antidépressives. Elle pose la question de l’existence d’un tempérament préétabli, qui pourrait évoluer vers un trouble morbide en fonction de l’environnement. Cette hypothèse plaide pour une approche thérapeutique à large spectre.
5) – Evolution
La durée moyenne d’un épisode dépressif majeur est de 8 mois. La survenue d’un épisode dépressif majeur à l’adolescence serait un facteur de risque pour l’apparition ultérieure de trouble de la personnalité.
Etre vigilant à trois situations :
6) – Aspects thérapeutiques
L’hospitalisation
Elle s’impose chaque fois qu’il existe un risque pour la sécurité psychique ou physique du patient. Elle permet une sédation rapide de la symptomatologie tout en permettant d’évaluer les modalités du fonctionnement personnel et familial. Devant les passages à l’acte et les provocations de certains jeunes les soignants sauront adopter une position de « fermeté bienveillante ».
Le soutien au milieu et la prise en compte des dimensions familiale, sociale et économique seront parfois nécessaires et impliqueront un travail de réseau.
LA CRISE SUICIDAIRE
La crise suicidaire ne se résume pas au passage à l’acte suicidaire mais désigne toute la période précédant le passage à l’acte, plus le passage à l’acte lui-même.
Au cours de la crise suicidaire, on peut dire que le sujet est aux prises avec une souffrance morale, croissante au fil du temps si elle ne bénéficie pas de prise en charge particulière ou d’une résolution des éléments pathogènes (stress affectifs comme professionnels).
Au fur et à mesure que cette souffrance morale croît, le domaine des possibles aux yeux du patient se restreint, les solutions de sortie de crise apparaissent moins nombreuses. A l’acmé de cette évolution, le patient ne voit plus comme solution pour arrêter de souffrir que le passage à l’acte suicidaire. Tout cela représente la crise suicidaire. Il s’agira alors pour le psychiatre d’évaluer l’intensité de cette souffrance morale afin d’évaluer le risque de passage à l’acte suicidaire et le prévenir.
Les éléments principaux d’évaluation de la crise suicidaire sont :
L’hospitalisation doit-être proposée aux patients à risque de passage à l’acte. L’hospitalisation va alors permettre de couper le patient de son milieu habituel où se situent le plus souvent les éléments de stress pathogènes alimentant sa détresse. Le patient va alors pouvoir entamer avec les soignants un travail visant à se reconstruire psychiquement et trouver des solutions de sortie de crise qu’il n’aurait pu élaborer sans aide. L’hospitalisation visera aussi à évaluer une comorbidité pouvant relever d’un traitement spécifique (délire sous-jacent, trouble de l’humeur, dépression, toxiques, etc.). Une évaluation du milieu du patient devra aussi être faite grâce notamment au travail de réseau (évaluation de la scolarité, du milieu familial) afin de pouvoir intervenir si besoin. Il est évident mais nécessaire de rappeler que l’hospitalisation doit être imposée si le patient refuse les soins et que le risque est manifeste. L’hospitalisation vise alors en urgence à protéger le patient et l’enjeu sera de travailler une alliance thérapeutique satisfaisante dont le pronostic final dépendra. Noter qu’il n’existe pas pour le patient mineur d’HSDT et que l’hospitalisation peut lui être imposée par ses parents, voire par une OPP (Ordonnance de Placement Provisoire) prononcée par le juge des enfants ou le procureur en cas d’impossibilité pour le milieu du patient d’accepter les soins et de pourvoir à sa sécurité.
L’hospitalisation va ainsi permettre une sédation, un apaisement de la crise, offrant au patient la possibilité de se projeter à nouveau dans l’avenir. Mais elle ne se suffit le plus souvent pas à elle-même et un suivi spécialisé est alors mis en place afin d’évaluer l’évolution, la tolérance et l’efficacité d’un éventuel traitement, évaluer le risque suicidaire et/ou de récidive du geste, évaluer l’alliance thérapeutique et l’observance du traitement.
Une fois le passage à l’acte réalisé, il s’agit de réévaluer le patient après un certain laps de temps, 24 à 48 h, car dans les suites immédiates du passage à l’acte, la tension morale ayant entraîné la tentative de suicide est moindre, comme si le passage à l’acte avait vidé le trop plein de souffrance morale. Mais celle-ci revient plus intense par la suite. Le risque d’une évaluation trop précoce est donc de sous-estimer le risque de récidive. On doit alors évaluer la critique du geste, la létalité du moyen utilisé (une tentative de pendaison, par arme à feu ou une défenestration sera le plus souvent gardée à l’hôpital alors qu’une intoxication médicamenteuse ne le sera pas forcément), le scénario mis en place (un patient attendant d’être seul et se barricadant chez lui, persuadé que personne ne viendra sonner à sa porte et allumant le gaz et un scénario où la détermination létale est grande ; a contrario, la personne attendant que son conjoint rentre du travail pour prendre devant lui des comprimés dans une relation de chantage affectif sera un scénario où la détermination létale peut être nulle). ATTENTION : le passage à l’acte chez l’hystérique et le dépendant affectif peut être fréquent mais n’est jamais à banaliser ; nombreux sont en effet les sujets n’ayant pas de réel désir de mourir au cours de leur passage à l’acte et qui y reste du fait d’un surdosage médicamenteux involontaire ou d’une sous-estimation du risque létal lié au moyen utilisé. La répétition du geste est en soi très préoccupante.
[1]1 Dans l’enfance, ce qui était sous le terme de psychose est maintenant sous les termes de TED, pour les troubles avant six ans ; ensuite c’est le problème des schizophrénies à début précoce qui remplacent ce que nous appelions les psychoses de la latence. Il ne faut plus utiliser le terme de psychose au sens descriptif quand on travaille avec la cim-10, mais il est possible de l’utiliser dans le registre de la psychopathologie.